Yves-Claude Stavy. Du délire au symptôme

Délire et symptôme ne s’équivalent pas :

  • Le premier est élucubration langagière:
    «folie (qui) n’est pas séparable du problème de la signification pour l’être en général, c’est à dire du langage pour l’homme (…), instrument de son mensonge, traversé de part en part par le problème de sa vérité», écrivait J Lacan, dès ses Propos sur la causalité psychique.
  • Le second est dérangement intime qui excède la justification symbolique:
    Sans doute Freud à propos de Schreber, peut-il affirmer que  le délire «est en réalité, une tentative de guérison »… mais c’est pour ajouter aussitôt, « le succès (…) n’est jamais total».

Sans doute Lacan, en 1946, affirmait-il : «le mot n’est pas signe, mais noeud de signification»… mais c’était pour préciser dès cette époque, que «si un homme qui se croit roi est fou, un roi qui se croit roi ne l’est pas moins » (…)  Le médecin, tel celui qui oppose au fou que ce qu’il dit n’est pas vrai, ne divague pas moins que le fou lui-même»!

Ce dont témoigne l’expérience d’une psychanalyse, – celle qu’on entreprend personnellement – , c’est que le symptôme auquel j’ai à faire, emporte avec lui l’existence d’une marque incurable, traumatique, hors sens, hors signification, (termes à expliciter), ayant dès longtemps rencontré le vivant d’un corps, celui que j’ai, «dont on ne sait pas ce que c’est, sinon qu’il se jouit» (à expliciter): et qui s’avère intraitable, malgré l’interprétation la plus rigoureuse permise par la structure discursive.  Sur quelles responsabilités impartageables, sur quels savoir y faire «intransposables d’un cas à un autre cas du même type», chaque in-oui¨ débouche-t-il dès lors, pour chacun ?  Avec quelles conséquences en ce qui concerne les liens sociaux?

  1. Deux axes soutiendront l’ensemble des rencontres ‘automne 2015’ du Champ freudien à Kiev :
    Une lecture attentive de quelques références précises de Freud et de Lacan concernant notre thème.
  2. Des témoignages détaillés de celles et de ceux qui, orientant leur pratique avec Freud et Lacan, tentent de se faire partenaires du plus singulier rencontré par chaque patient. En quoi et dans quelle mesure, la mise personnelle engagée par un clinicien, parvient – ou ne parvient pas – à favoriser l’invention, par le sujet lui-même, d’une trouvaille symptomatique «rebroussant en effet de création» ce qui jusque-là, venait contredire les idéaux les plus sûrs?